J'ai lu Ressources inhumaines de Frédéric Viguier

"La vie d'un hypermarché bat au rythme de l'humanité manipulée.  Et cela fait vingt ans qu'elle participe à cette manipulation."

Ce premier roman nous plonge dans l'univers d'un supermarché, et à travers cette immersion, il nous entraîne dans l'esprit parfois inhumain et indifférent de l'entreprise. Ce roman, c'est la réalité, sans fioriture, avec toute sa dureté parfois. Parce que les relations humaines dans une entreprise, ce n'est pas toujours joli joli... 

Au fil des pages, on suit son histoire à 'Elle'. Elle qui se cherche, qui cherche un peu un sens à sa vie. Une simple stagiaire, qui gravit rapidement les échelons jusqu'à devenir chef de secteur en un temps record, car 'elle a tout compris'. Elle qui n'hésite pas à 'aider' ses collègues un peu gênants à se faire licencier. Et ça tombe bien car souvent ça arrange également le responsable des ressources humaines et le directeur du magasin. Elle qui a pour amant son ancien responsable qui l'aide à tirer les ficelles. On découvre un univers impitoyable. Qui ne fait pas de cadeau. Parfois bien cliché, mais quand on est dans un roman, on peut bien un peu exagérer les choses (peut-être pas tant que ça parfois j'imagine). 

Ce livre est construit en 2 parties. La première, qui décrit son ascencion fulgurante à 'Elle'. Et la seconde, qui nous entraîne vingt ans plus tard. Où au final rien n'a changé pour elle. Elle s'est consacrée à sa carrière, et à son amant (toujours son ancien chef), mais elle vit seule, et est profondément seule. Ascension fulgurante, puis état stagnant. Et Cette deuxième partie nous la montre sous un nouvel angle, un nouvel aspect, plus humaine, et presque prête à faire tomber son masque. Presque. Car quand son jeune chef de rayon tente de la 'séduire', on sent s'ouvrir chez elle de petites brêches... qui se referment pourtant aussi vite. Elle ne va pas tomber le masque comme ça, après avoir passé vingt années à le mettre en place et à forger sa carapace. 

Et tout au long de l'histoire, 'Elle' nous parle de sa poche à remplir, depuis la fin du premier petit chapitre, un peu comme si c'était une confidence. Comme si pour donner du sens à son existence, elle devait se remplir. D'une poche vide. Qui malheureusement pour elle, à la fin, se remplit bien... La dure loi de la vie parfois.

J'ai bien aimé ce livre qui nous attire dans un univers impitoyable. Et j'ai souri quand je suis allée faire quelques courses dans mon Carrefour la semaine dernière. Car je cherchais un article qui, quelques jours avant se trouvait à droite dans l'allée centrale. J'ai donc demandé à une employée où il était passé. Sa réponse : 'Oh mais madame, ça bouge tous les jours l'allée centrale'. Hé oui, ça bouge. Un peu comme la valse des salariés dans ce roman. 

Merci aux Editions Albin Michel pour l'envoi de ce livre !